Le jeu et les joueurs du Paris Saint-Germain

Le jeu actuel est fait de conservation du ballon. L’entraîneur mise sur la possession du ballon, presque à outrance, inspirée du Barca. Un modèle de jeu qui tourne à l’obsession, privilégiant parfois la beauté à l’efficacité, le jeu aux victoires.

Depuis février 2014, éloge de la lenteur

Les joueurs, techniques, sûrs d’eux, ne perdent que très rarement le ballon certes, mais ils ne jouent pas assez vite et ne prennent pas assez de risque pour surprendre l’adversaire. Pour se créer des occasions, marquer, déséquilibrer l’adversaire, il faut tenter des choses : contre-attaque rapide à la récupération du ballon, longue transversale pour changer le jeu de côté, faire des appels en profondeur dans le dos de la défense, frapper de loin pour faire sortir la défense de sa surface, etc. Autant de choses que le PSG ne fait quasi-jamais.

Un seul et unique plan de jeu : conserver le ballon au sol, avancer par de petites passes courtes, répétées, et passer doucement de l’arrière vers l’avant, d’un côté à l’autre, en attendant la faille. Hélas, le plan est maintenant connu et la vitesse d’exécution est trop faible pour être dangereuse. Preuve en est, cette saison, le PSG se procure encore moins d’occasions, marque moins, impressionne moins.

 Avec ou sans Ibra : quel choc !

Évidemment, il y a une question de forme des joueurs, pour la plupart blessés plusieurs semaines ou sur une jambe depuis leur retour de la coupe du monde. Ou les absences répétées d’Ibra, joueur capital dans le jeu parisien. Ibra décroche, revient bas, chercher les ballons, organiser le jeu, distribuer les ballons, etc. Quand il n’est pas là, le jeu manque cruellement de liant entre le milieu et l’attaque. Les 3 attaquants sont alors coupés de l’équipe, sans mouvements, sans espace, déjà collés à la défense, enferrés.

Quand Zlatan va, tout va. Sinon...

Quand Zlatan va, tout va. Sinon…

Cavani reste en pointe, n’a pas les qualités techniques pour redescendre et organiser le jeu. Il préfère trainer proche de la surface et parfois partir en profondeur. C’est un finisseur, point.

Le profil des attaquants n’est pas adapté au jeu de possession

Quant à Lavezzi, Lucas et Bahebeck, leur manque de justesse technique est pénalisante pour une équipe misant sur la conservation du ballon. Les contrôles approximatifs, les passes mal dosées, les mauvais choix sont légion. Leur profil n’est tout simplement pas adapté au plan de jeu de l’entraîneur, Laurent Blanc.

Lavezzi et Lucas étaient beaucoup plus utiles et dangereux à l’époque Ancelotti, lorsque le PSG procédait par attaque rapide, profiter de la moindre possibilité, limitant le nombre de passes et contrôles au minimum. Ce que le PSG semble privilégier dernièrement d’ailleurs, depuis un mois. L’avenir nous dira s’il s’agit d’un choix ou d’un fait, imposé par un manque de capacité physique et de confiance.

Le recrutement de David Luiz ne s’imposait pas et reste une erreur.

Alex, laissé libre et parti au Milan AC, était bien plus rassurant, plus efficace. Alex est un vrai stoppeur, dur sur l’homme, bon de la tête, agressif au duel. Tandis que David Luiz n’a aucune justesse tactique, il ne sort pas au bon moment, oublie parfois de s’aligner. En résumé, il défend seul. Et quand l’on sait que l’efficacité d’une défense dépend de mouvements collectifs, harmonisés, réfléchis…

Recrue phare de l'été 2014, David Luiz a coûté cher à plus d'un titre.

Recrue phare de l’été 2014, David Luiz a coûté cher à plus d’un titre.

Il est trop fou-fou, part ballon au pied, prend trop de risque. 50 millions jetés par la fenêtre, que l’on devait surtout investir sur un milieu de terrain de classe mondiale, au profil de relayeur, d’accélérateur de jeu, technique et vif. Il manque un milieu faisant le lien avec l’attaque, dans ses passes, ses mouvements. Un profil auquel répond parfaitement Di Maria. Lequel voulait venir, a attendu 1 mois avant d’abandonner lorsque les restrictions financières du PSG ont été confirmées. Il a alors signé à Manchester United.

Manque de variété et de profil parmi les milieux de terrain

Motta et Verratti sont exceptionnels mais ont le même profil : ils assurent la sortie de balle. Mais jamais ils ne se projettent vers l’avant, balle aux pieds ou par un appel. Le jeu est alors trop statique, trop lent, trop lisible. Cabaye et Rabiot s’en rapprochent également, manquant de pouvoir d’accélération malgré une plus grande propension à s’approcher de la surface adverse. Seul Matuidi se projette, fait des appels verticaux. Hélas, il manque cruellement de maîtrise technique pour être lui-même dangereux. Il joue plutôt pour les autres, déséquilibre pour créer des espaces aux autres.

Angel Di Maria. Il n'a jamais fait partie du PSG mais tout le monde le regrette.

Angel Di Maria. Il n’a jamais fait partie du PSG mais tout le monde le regrette.

Di Maria est un spécialiste des sorties de balle explosives, des courses tranchantes vers l’avant, de par sa capacité d’accélération, sa technique, ses dribbles. C’est ce type de joueur qui pouvait faire la différence, amener un vrai plus, combler un manque et apporter avantage de diversité dans le jeu de l’équipe.

 L’avenir en Ligue 1 et en Ligue des Champions

Surtout en ligue des champions, car en championnat, le titre devrait rester aux mains de Paris. Nous sommes donc pessimistes sur le parcours en ligue des champions. Enfin, Paris atteindra sûrement les quart de finale, comme lors des deux dernières saisons. Mais ne fera pas mieux. En tout cas pas avec le jeu proposé actuellement, avec de si nombreux domaines à améliorer.

L’équipe joue moins bien, les recrues n’apportent pas assez, ne répondent pas aux besoins et les dirigeants ont raté leur mercato d’été avec un mauvais choix rapide qui a ensuite annulé tout autre mouvement.

Une grande équipe ne peut dépendre à ce point d’un seul joueur.

La présence et le rendement d’Ibra sont primordiaux. Lorsqu’il est absent, le jeu est plus laborieux, plus lisible, et personne n’est aussi efficace devant le but. Cavani est loin de ses statistiques. Les autres sont bien trop maladroits pour compenser, même à plusieurs.

Le Real a Ronaldo, mais aussi Bale, voire James ou Benzema et Isco. Le Barca a Messi, mais aussi Neymar, Suarez, Pedro. Le Bayern a Robben, mais aussi Muller, Gotze, Lewandowski. Chelsea a Diego Costa, mais aussi Hazard, Oscar, Fabregas.

Paris n’a qu’Ibra. Son absence ou sa contreperformance est donc interdite. Hélas, il est humain et cela arrive. Avec un adversaire de même niveau, comme en LDC, c’est alors l’élimination assurée.

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